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Vous allez apprendre à photographier les animaux dans ce 5ème article d’une série de 5 pour bien débuter en photo animalière. Pour mémoire, dans le premier, je vous expliquais en détail comment faire pour choisir un animal à photographier, dans le 2ème comment bien connaître l’animal, dans le 3ème, comment faire pour repérer l’animal dans son milieu naturel et dans le 4ème comment observer l’animal sauvage dans son environnement. Si vous ne les avez pas encore lu, je vous conseille vraiment d’y jeter un oeil. Sinon vous risquez d’être un peu perdu ! 😉
Vous avez à présent toutes les cartes en main pour passer à la 5ème et dernière étape. Vous allez enfin être récompensé de tous vos efforts de recherche, de repérage et d’observation. Vous avez peut-être l’impression d’avoir perdu du temps avant d’en arriver là. C’est exactement le contraire. Le temps passé en amont est du temps gagné pour la suite.
Alors dites-vous que si vous avez suivi mes conseils avec les 5 étapes, il n’y a aucune raison que vous ne parveniez pas à photographier les animaux sauvages de vos rêves. Et l’on peut très bien rêver de shooter le lapin de garenne à 150 mètres de chez soi !
Cette 5ème étape va vous détailler les deux principales techniques pour photographier les animaux. Car maintenant que savez quoi photographier, où et quand, il vous faut savoir comment ! Commençons donc par la première technique : l’affût.
Photographier à l’affût
L’affût est une technique de chasse qui consiste à rester caché dans l’attente d’une proie. On utilise aussi cette technique en photo animalière.
Rendons à César ce qui est à César, ce sont les chasseurs qui ont utilisé cette technique les premiers. Les photographes animaliers n’ont rien inventé de ce côté-là.
Mais pourquoi depuis la nuit des temps les hommes ont dû se cacher, peu importe comment, pour attaquer par surprise les animaux ? Simplement parce que ces derniers possèdent des sens plus développés que les nôtres. La plupart entendent, flairent et voient mieux que nous. Bien-sûr, chaque espèce animale possède un sens plus prégnant qu’un autre. Le rapace a l’oeil acéré mais ne sent quasiment rien, tandis que le blaireau est myope mais sent parfaitement à des kilomètres à la ronde. Dans tous les cas, dès que l’homme veut s’attaquer à un animal sauvage, il se retrouve bien démuni avec son ouïe banale, son odorat quelconque et sa vue bonne mais bien souvent insuffisante.
En revanche, je ne vous apprends rien en disant que le gros avantage de l’être humain est son cerveau. Donc sa capacité à mettre en oeuvre des techniques de chasse élaborées. Et c’est là que l’affût intervient ! Plutôt que de se fatiguer sans grande chance de succès à courir après sa proie, le chasseur attend patiemment que l’animal se présente proche de lui. Moins d’efforts pour un pourcentage de réussite accru.
Les photographes animaliers ont repris ce concept de cachette. Seule la finalité diffère. D’ailleurs, on parle souvent de chasse photographique. Bon, sachez qu’il ne suffit pas de se cacher derrière un tronc d’arbre pour réussir vos premières photos animalières. Un affût photo est une construction réfléchie qui ne laisse rien au hasard.
L’emplacement
C’est le critère le plus important. Le point principal sur lequel aucune erreur n’est permise. Bien placer son affût photo doit se faire en fonction de plusieurs paramètres (je considère que vous avez jeté votre dévolu sur un site que vous savez riche en faune grâce aux précédentes étapes) :
- la direction des vents dominants : pour les mammifères, on place de préférence un affût de manière à ce que l’objectif pointe contre la direction des vents dominants ;
- l’esthétique du fond : faites des essais à vide pour vérifier que là où l’animal est censé arriver ne présente pas un fond disgracieux (évitez les barbelés, les toits des maisons, …) ;
- le coucher et lever de soleil : la lumière est toujours plus belle en début et fin de journée. C’est pourquoi l’emplacement de votre affût devra aussi tenir compte de ce paramètre.
La configuration idéale d’un site est donc de placer à différents endroits des affûts. Ainsi, avant chaque sortie photo sur votre site préféré, vous vous placerez dans l’affût optimal selon les conditions météos et lumineuses.
Le type d’affût
La pratique de l’affût est très riche, voire même parfois surprenante ! Il existe une infinité d’affûts, c’est souvent l’imagination du photographe qui est limitante. Voici quelques exemples, mais ça n’est pas exhaustif :
- l’affût fixe : comme son nom l’indique, cette cachette ne bouge pas et est souvent construite avec des matériaux solides. Censé durer dans le temps, cet affût fini par être accepté par la faune locale. Mais sa mise en oeuvre est parfois complexe.
- l’affût tente : ce sont des affûts que l’on trouve dans le commerce très facilement. C’est très pratique et les différents motifs de camouflage sont bien pensés. Par contre, ça coûte très souvent plus cher que le précédent et le risque de vol est réel.
- l’affût léger : là, il s’agit juste de placer une toile de camouflage sommairement dans la végétation. Ça fonctionne pour certaines espèces animales qui supportent bien un petit changement dans leur environnement. Les renards, les lapins, les chats sauvages et autre mammifères l’acceptent. Mais les rapaces voient venir le photographe à des kilomètres à la ronde !
- l’affût flottant : pour tous les photographes à la recherche de points de vues originaux au ras de l’eau !
Avantages de la photo animalière à l’affût
- Permet une immersion complète dans la vie sauvage.
- Méthode où le photographe est à l’abri des regards dans sa cache.
- Ici, c’est l’animal qui vient vers l’homme.
- Dérange peu ou pas les animaux (lorsque c’est fait dans les règles de l’art).
- Permet d’obtenir des comportements animaliers naturels car l’animal ne se doute de rien. Il vit sa vie !
Inconvénients de la photo animalière à l’affût
- Nécessite un repérage rigoureux en amont (refaire les étapes 1 à 4 si nécessaire).
- Demande un dispositif particulier (l’affût donc).
- Oblige souvent à attendre sans voir grand chose (tout le charme de la photo animalière !).
Pour en savoir plus sur cette technique, j’ai écrit un article complet à ce sujet. 🙂
Photographier à l’approche
Ici, on est dans l’exact contraire de la démarche précédente. Voici la petite définition qui va bien :
La photographie animalière à l’approche, est une technique où le photographe est en mouvement, au cours de laquelle il part activement à la rencontre des animaux.
Pour mieux faire comprendre en quoi ça consiste, j’aime bien faire le parallèle avec les indiens d’Amérique. Car il s’agit précisément de ça : être plus malin et discret que l’animal pour avancer au plus près de lui. Bon, là encore, la finalité est bien différente entre le but des indiens et celui des photographes. Mais le moyen est identique.
Je vais être très honnête avec vous. Je déconseille fortement cette technique à tous les débutants. Car il ne s’agit surtout pas de promenades en forêt en espérant croiser ça et là quelques animaux. C’est au contraire la mise en oeuvre de stratégies de déplacement et d’observation hyper pointues. On ne s’improvise pas photographe à l’approche en un après-midi. Les photographes experts dans ce domaine font preuve d’un savoir-faire incroyable issu de centaines d’heures passées sur le terrain.
Donc à moins que vous n’ayez un passé de pisteur, ou des aïeux Peaux-Rouges, ne partez pas l’appareil autour du cou au petit bonheur la chance. Sauf coup de chance incroyable, ça ne marche jamais. Les sens des animaux sauvages sont tellement aiguisés, la peur de l’homme est tellement forte, que vous ne croiserez pas grand chose.
Sans oublier que vous aurez à porter plusieurs kilos de matériel. Ce paramètre est important car souvent le photographe à l’approche est essouflé ! Sa stabilité n’est pas optimale car son coeur bar fort et sa respiration est rapide. Les flous de bougé sont alors fréquents.
Fabrice Cahez est un photographe connu pour maîtriser la photographie à l’approche. Ses qualités de photographe ne sont plus à prouver et ses portraits de chats sauvages (entre autres) pris à l’approche sont magnifiques . Vous devez cependant avoir en tête que les focales qu’il utilise sont énormes. Lui et tous ceux qui photographient à l’approche ont des 500 mm ou des 600 mm montés sur leur reflex, auxquels ils ajoutent souvent des multiplicateurs de focale. Il y a fort à parier que vous ne possédiez pas de telles focales. Et oui … le manque de proximité avec l’animal est compensé par des objectifs au rapport de grandissement énorme.
Néanmoins, la photo animalière à l’approche, qu’on appelle souvent « billebaude », offre l’occasion de saisir de belles ambiances. Si vous souhaitez absolument tester cette technique, ne cherchez pas la proximité. Tirez avantage de la difficulté à être proche pour inclure l’animal dans son environnement. Ne tombez pas dans le piège de la photo naturaliste inesthétique. Pour ça, les belles lumières, les brouillards, les temps orageux permettent de faire des clichés d’ambiance magnifiques !
Avantages de la photo animalière à l’approche
- Pas de dispositif particulier. Juste des habits neutres, de type camo avec un filet de camouflage à placer sur soi si nécessaire.
- Pas cher et facile à mettre en oeuvre.
- Gain de temps. Si vous manquez de temps pour photographier la faune sauvage, cela peut être une solution.
- Être actif. Certains personnes peuvent avoir du mal à rester en place aussi longtemps. La photo animalière à l’approche est donc idéale pour eux.
Inconvénients de la photo animalière à l’approche
- Crée de la frustration chez le débutant. Combien de mails j’ai reçu de photographes me demandant pourquoi ils ne voyaient jamais d’animaux sauvages !
- Source de dérangement potentielle. Si le photographe reste sur les sentiers, pas de souci. Mais dès qu’il sort des sentiers battus, il prend le risque d’aller sur les territoires des animaux. Et là, le dérangement est réel et souvent néfaste.
- Nécessite une grande proximité avec le sujet.
- Demande un savoir-faire qui s’acquiert difficilement.
Conclusion
Vous avez deviné ? Je ne suis pas un grand fan de la photo animalière à l’approche. Trop difficile, trop aléatoire, trop dérangeante. En revanche, la photo animalière à l’affût est à mon sens idéale pour finaliser le processus de préparation que vous avez fait aux étapes 1, 2, 3, et 4. Sans compter que c’est avec cette méthode que vous pourrez avoir les comportements animalier les plus intéressants.
[…] ressources comme ce site pour des conseils spécifiques sur la photographie animalière, ou encore ce lien pour des astuces sur l’affût en […]
Je trouve ça trop bien et j’adorerai faire d’aussi belles photos, mais je n’ai pas le matériel… C’est dommage parce qu’on voit souvent des hérissons des lapins et des petits oiseaux près de chez moi…
Bonjour, je suis une collégienne et je suis censée faire un diaporama sur un métier qui m’intéresse. J’ai donc choisi photographe animalier. Je me demandais si je pouvais vous poser quelques questions, du genre : à quel âge avez-vous commencé à apprécier la photographie ? Quels ont étés vos premiers sujets ? Et vos résultats ? Faites vous un autre métier en parallèle ? etc…
Je vous remercie, en tous cas, d’avoir créé ces articles très intéressants.
Vraiment très intéressante cette série de 5 articles sur la photographie animalière ! Je m’étais souvent demandé, à propos d’un excellent photographe gaspésien (au Québec, près de chez moi) : « mais comment fait-il pour rencontrer aussi souvent un bel orignal lors de ses sorties en plein-air dans la forêt ? ». Moi, ça ne m’est arrivé qu’une seule fois ! LOL ! C’est fou, mais je n’avais pas réalisé tout le travail en amont, l’étude, le repérage, l’observation et tout… Cela va de soi maintenant… ce n’est pas que de la chance, mais de l’assiduité, de la passion et du temps. C’est intéressant de combiner deux passions : l’apprentissage de la photo ainsi que l’apprentissage du sujet. Merci pour ces articles, c’est très inspirant !
Souvent mes belles photos animalieres sont par hasard. Je fais beaucoup de sorties à cheval et ma selle ne fait presque aucun bruit.
Mais bon je ne prends pas mon appareil photo à cheval et du coup je sors mon téléphone, donc qualité téléphone ^^
Je vais essayer d’appliquer vos techniques pour réussir à prendre de bonnes photos animalières avec la qualité de mon appareil.
Bonjour,
l’odeur du cheval couvre le tienne donc, n’oublie pas ton appareil
Voilà une belle série d’articles !
L’idée est géniale ! Et le sujet est vraiment top car il n’y a pas tant d’article de qualité sur le sujet :p
De mon côté, ça me botte bien mais pas l’équipement pour…Peut-être un jour, je l’espère…
Super Coul !
Merci pour ces conseils. Pour ma part chaque fois que je croise un animal sauvage je n’ai pas mon appareil ou il n’est pas prêt. Je vais donc m’intéresser de plus près à ces techniques.
Et tenir un appareil prêt.
merci pour tout les renseignements sur la photo animalière
Merci pour les astuces. Malheureusement dimanche la météo était horrible (ciel gris à perte de vue). aucune visibilité, aucune photo valable. Ce n’est que partie remise
Bonjour, il faut savoir que la « Chasse photographique » n’a pas de temps (météorologie), de très belles photographies peuvent être réaliser même par un sale temps. Il ne faut JAMAIS remettre au lendemain ce que l’on a prévu (surtout en photographie animalière), car, dans ce cas VOUS ne verrez JAMAIS RIEN
Merci pour ce super tuto
merci pour ce tuto a force on oubli une remise a jour fait du bien
Bonsoir
J’ai deux questions techniques sur mon SONY ALPHA A290:
** N’arrivans pas à faire la netteté là où je veux je voulais choisir qu’un seul collimateur. Or je ne trouve pas comment faire dans mon appareil. Dans la notice ils n’en parlent pas. Je ne peux que choisir en FN : local, spot et large.
Dans local j’ai le choix entre neuf zones… est-ce ça?
** Je voulais appliquer la règle du tiers mais je ne trouve pas le mode dans mon appareil. Peut-être ne le fait -il pas?
merci de votre aide.
Je vous souhaite à tous de passez de bonnes fêtes de fin d’année
A bientôt
Emilie
Bonjour,
La seule fois que j’ai pu photographier un Martin pêcheur à Villeneuve, en Suisse, c’était fabuleux, mais quelle attente.
super article,mais pour moi pas de sortie.la grippe ma eu GRRRR!
merci super tuto
très bonne leçon de camouflage
Bonjour,
Merci pour cette série d’articles très intéressants qui permettent de comprendre les techniques de la photo animalière de manière progressive. Je comprends mieux pourquoi je ne rencontre qu’exceptionnellement des animaux sauvages !
Que pensez-vous de l’utilisation d’une longue-vue sur laquelle on peut grâce à un adaptateur, y connecter un appareil photo reflex ? Cela peut être un moyen de s’approcher sans être vu mais qu’en est il de la qualité des images prises ainsi ?
La fourchette de prix des longues vues est vraiment très large de 70€ à plus de 2000 €. Alors si vous avez des conseils à nous donner sur cette technique, sur les caractéristiques du matériel à prendre en compte, …
Encore merci pour vos articles
Bruno
Merci pour cet article, mais on peut lui faire les mêmes reproches pour beaucoup de vos articles en général : vous ne parlez quasiment jamais de la composition d’une photo…
Dommage mais peut-être qu’il faut être patient !