Vous allez lire le 3ème article d’une série de 5 tutos pour bien débuter en photo animalière. Pour mémoire, dans le premier, je vous expliquais en détail comment faire pour choisir un animal à photographier et dans le 2ème comment bien connaître l’animal. Si vous ne les avez pas encore lu, je vous conseille vraiment d’y jeter un oeil. Sinon vous risquez d’être un peu perdu ! 😉
Si vous avez bien suivi les deux premières étapes, l’animal que vous souhaitez photographier n’a désormais plus aucun secret pour vous. Enfin … en théorie. Car il y a ce que disent les livres, et ce qui se passe dans la réalité. Très souvent, c’est la même chose. Si un guide de référence tel que Delachaux et Niestlé vous dit que le blaireau est un animal nocturne, ne vous entêtez pas à le chercher en pleine journée. Ils ont raison.
Par contre, sachez qu’il existe toujours des compléments d’information à récolter des observations en prise directe du terrain. Les livres ne disent pas tout ! Aussi complets soient-ils, il est impossible pour eux de coller parfaitement aux petites habitudes locales des animaux sauvages.
Alors pour compléter vos connaissances naturalistes acquises dans l’étape 2, je vous conseille vivement d’observer, en vrai, avec vos propres yeux, les animaux à photographier. 🙂 Même si, je sais, on a tous envie de déclencher le plus tôt possible. Seulement dites-vous bien que plus vous connaissez l’animal, plus vous ferez des photos intéressantes. Et surtout, moins vous le dérangerez. N’oubliez jamais ce paramètre.
Afin d’optimiser vos chances d’observer directement l’animal, il vous faut d’abord le repérer. Ça signifie tout simplement être capable de savoir où il se trouve précisément. Quasiment au mètre près ! Pour ça, votre travail est de vous mettre en mode « détective privé ». Partir en filature ! 🙂
Il y a deux méthodes pour repérer l’animal tant convoité :
- la méthode directe
- la méthode indirecte
Commençons par la méthode indirecte.
REPERER LES ANIMAUX… SANS LES VOIR
Non, non, il n’y a rien de magique ou d’un quelconque pouvoir surnaturel ici. Je vous assure qu’il est possible d’être sûr à (quasi) 100 % qu’un animal sauvage vit à tel ou tel endroit. Sans même jamais l’avoir vu.
Comment faire ? C’est simple. Vous allez rechercher sur le terrain ce que tous les naturalistes connaissent parfaitement : les fameux indices de présence. Vous le savez grâce à l’article précédent : tous les animaux du monde laissent des traces de vie. C’est comme ça … et c’est tant mieux ! Je n’ose pas imaginer une campagne dépourvue d’indices de présences animales.
Fort des indices théoriques que vous avez en tête, rendez-vous sur le terrain, pour trouver les traces de ces indices. C’est à vous de savoir quels sont les preuves les plus probantes à trouver.
UN EXEMPLE CONCRET
Je vous propose de prendre un exemple concret que je connais bien : le chevreuil.
Ce mammifère herbivore vivant dans nos forêts (je la fais courte, c’est un peu plus complexe que ça 😉 ) est repérable grâce à deux types de marques très caractéristiques : ses crottes et ses empreintes de pattes.
Comme j’ai bien potassé le sujet en amont, je sais que les crottes du chevreuil (qu’on appelle au passage moquettes) ont la forme suivante :
- 10 à 16 mm de longueur,
- 7 à 10 mm de largeur,
- couleur de brun foncé à noir
Je sais aussi que ses pattes, imprimées sur un sol humide, ont cette forme :
- 4 à 5 cm de long
- 3 cm de large
- longueur du pas entre 60 et 90 cm
Nécessaire, mais pas suffisant. Je dois maintenant me rendre sur les lieux potentiels de vie de cet ongulé. D’où la nécessité, encore une fois, de (très) bien connaitre toutes les données naturalistes concernant un animal.
Je sais donc que le chevreuil vit principalement dans et en lisière de jeunes forêts. C’est à dire des forêts ayant beaucoup de jeunes pousses à grignoter. Il aime aussi les alternances de bois et de prairies. Charge à moi de trouver les lieux présentant ces critères. Je peux prendre une bonne vieille carte IGN au 1/25000.
Je peux aussi, et c’est ce que je trouve le plus efficace, utiliser le formidable outil qu’est GeoPortail. Grâce au site de l’IGN, et à ses fabuleuses cartes, je peux trouver facilement les endroits qui m’intéressent. Une fois repérées ces alternances de forêts et de prairies, je me rends sur place.
C’est à ce moment que je revêts l’habit du détective privé (c’est une image bien sur, ne le faites pas 🙂 ). Ma mission est celle-ci : rechercher activement des crottes et / ou des traces de patte de chevreuil.
Il existe un outil génial pour vous aider à identifier des empreintes de patte. Je l’utilise personnellement et il permet de lever rapidement des doutes. C’est l’éventail à empreintes. Il suffit de placer les fiches transparentes de l’éventail sur la trace au sol et de comparer. Efficacité garantie !
Il n’existe pas ce genre d’outils pour les crottes. Mais une bonne photo permet en général de ne pas se tromper sur l’origine des crottes.
UNE RECHERCHE ACTIVE
Je vous mets bien en garde sur la façon d’aborder cette recherche de traces. Vous n’êtes ni en promenade, ni en reportage photo. La recherche de signes de vie sur un lieu donné est une activité à part entière. Exactement comme la recherche de champignons : toute votre attention est orientée vers un seul but.
Photographier et observer les animaux oblige d’être présent lors de leurs pics d’activités. C’est une évidence. En revanche, rechercher des indices de présence peut se faire à n’importe quel moment de la journée. Et c’est plutôt pratique. Privilégiez tout de même la pleine journée pour avoir un maximum de lumière.
Pensez aussi à photographier ce que vous trouvez. Ne vous embarrassez pas avec le reflex et le teleobjectif. Prenez juste un compact, voire carrément votre smartphone. Shootez l’indice en vous plaçant bien au dessus. Conserver des photos de ce qu’on trouve permet une analyse à postériori. Tranquillement au chaud chez soi. Un autre avantage est de pouvoir envoyer la photo par mail aux personnes compétentes. Tournez-vous vers des associations de gestion de la nature.
Voilà ! Vous savez maintenant comment faire pour repérer un animal sauvage sans même l’avoir vu. La démarche vue avec le chevreuil fonctionne avec tous les autres animaux.
REPERER LES ANIMAUX DIRECTEMENT
Il existe une autre manière de repérer un animal sauvage. C’est exactement l’inverse du précédent paragraphe 🙂 . Attention cependant, cette méthode ne fonctionne qu’avec un certain type d’animaux. Alors que la première est efficace pour tous.
En effet, il s’agit ici de trouver un animal en le voyant lui, directement ! Pour ça, n’imaginez pas partir au petit bonheur la chance, en espérant que … Ça ne marche jamais, sauf coup de chance monstrueux. 🙂
À nouveau, l’idée est de prospecter activement. On reprend donc sa carte IGN ou son GeoPortail pour dénicher une zone potentielle de vie animale. Vous voudriez repérer des hérons cendrés pour les photographier ? Alors trouvez sur la carte toute sorte de milieux humide. En effet, le héron cendré cherche sa nourriture dans les eaux peu profondes et les prés avoisinants.
Je vous conseille à nouveau GeoPortail : leur système de superposition de cartes est terriblement efficace. Il suffit de choisir la carte Hydrographie pour voir apparaitre en bleu toutes les zones humides !
Une fois ce préalable dans la poche, il ne reste plus qu’à prendre votre voiture ! Oui, vous avez bien lu ! C’est au chaud (ou au frais si c’est l’été 🙂 ) que vous allez rechercher les animaux. Accompagné de votre carte IGN imprimée, longez les lacs, étangs et autres rivières sur la route. L’idéal étant d’éviter les chaussées à forte circulation. Dans toute campagne qui se respecte il existe des petites routes … de campagne. 🙂
Roulez doucement, à allure régulière pour ne pas surprendre les animaux et observez attentivement au loin. C’est un exercice qui demande de la concentration et de la vigilance ! N’oubliez pas que vous êtes au volant. Si vous le pouvez, demandez à un proche de vous accompagner. C’est plus sécurisant et efficace.
Je le répète, cette méthode fonctionne très bien avec quelques animaux. Le héron cendré, donc, mais aussi tous les grands échassiers comme la grande aigrette. Chez les mammifères, le chevreuil peut aussi être repérer ainsi.
Il s’agit d’animaux bien particuliers. Ils doivent :
- être suffisamment grands pour être vus de loin,
- vivre le jour pour être vus
- être dans des zones proches des routes et chemins
Ça limite donc pas mal le choix. L’écureuil, le blaireau, le chat sauvage, devront par exemple être repérés uniquement avec leurs indices de présence. Les voir en premier est bien plus difficile.
J’ai bien conscience qu’on est assez loin de la photographie pure. Mais tout ceci est un préalable obligatoire. Qui connait bien, photographie bien !!!
Si vous avez des questions concernant la photo animalière, n’hésitez pas à les poser dans l’espace de commentaires !
bonjour
Comment faire une excellente photo d empreinte d animaux , dans la terre, sur l argile et sur la neige.
sur la terre n elle n’est pas mise en valeur, comment faire, merci de votre aide.
cordialement
any
Bonjour Régis,
Je t’ai connu quand j’ai participé à ta présentation sur le stand Nikon-passion du salon de la photo, et j’ai bien aimé ta philosophie sur la photo et le respect que tu as pour les animaux (les observer sans les déranger) .
Je me suis mis à la photo animalière il y à 1 ½ ans, en m’équipant au début d’un boitier Nikon D500 (APSC) d’un zoom Nikon 18-300 f3.5/5.6, pensant avoir plus de polyvalence, mais je me suis rendu conte que mon choix n’était pas idéal.
J’ai donc petit à petit, acheté un objectif Nikon 85 f1,8 pour la photo de portrait, puis j’ai acheté un Nikon 200-500 f5,6 pour la photo animalière, c’est avec ces deux nouveaux objectifs que j’ai pris conscience de l’importance de l’ouverture et de la vitesse de AF.
A présent je souhaiterai m’essayer à la photo d’insectes et la macro, j’ai tenté d’utiliser des bagues allonge mais ça ne m’a pas convaincu.
Voila ma question est la suivante, faut-il investir dans un objectif macro et quelle focale, avec VR ou sans VR quelles options serait les plus judicieuses, étant équipé en Nikon je pensai soit :
_AF-S FX VR 105 mm f/2.8 série G (stabilisé) distance mini de prise de vue 314 mm rapport de reproduction de 1:1
_ AF-S DX Micro NIKKOR 40mm f/2.8G (non stabilisé) distance mini de prise de vue 163 rapport de reproduction de 1:1mm
_ AF-S Micro NIKKOR 60mm f/2.8G ED (non stabilisé) distance mini de prise de vue 185 mm rapport de reproduction de 1:1
Pourrais-tu me conseiller et me donner ton avis.
Merci d’avance !
Bernard.
Merci pour cet article clair et très intéressant !
J’ajouterai :
_ éviter les moments où les chasseurs sont là
_ OU s’éloigner dès que l’on remarque leur présence
_ OU leur signaler très clairement sa présence.
C’est du bon sens mais il vaut toujours mieux le rappeler.
Excellent article ! Merci
Bonjour Régis,
Je t’ai déjà suivi sur les vidéos de Laurent notamment.
Sur celles-ci tu répétais que tu n’étais pas professionnel et que tu prenais tes conseils de Fabian.
Pourquoi donc ce changement de discours ?
Bonjour Benjamin
Bien qu’étant professionnel (surtout même) je me dois de me tenir au courant des meilleurs pratiques photos. Je m’inspire donc de photographes qui font référence dans leur domaine.
merci Xavier pour moi qui connait Régis et qui le suis de puis un certain temps ces une mines d’ information et par avars de partager alain
Bonjour Régis,
Excellent article ! Merci de partager ces 2appeoches de la photo animalière.
Merci pour ce super article ainsi qu’a Xavier avec ses belles photos
combien de temps faut il attendre pour réaliser une photo d’un Animal comme un renard
ou un oiseau en vole
A bientôt
Bonjour Claudie
la photo en elle-même n’est pas longue à faire. Ce qui est long, voire très long, c’est de repérer l’endroit où vivent les animaux à photographier. Pour les oiseaux en vol, voici un article que j’avais écris : http://www.auxoisnature.com/figer-le-vol-des-oiseaux/ et pour le renard : http://www.auxoisnature.com/comment-photographier-le-renard/
Merci Régis pour ce super article ! Et bravo à Xavier pour mettre en avant la photo animalière 😉
A bientôt !
Bonjour
Regis
Bien evidemment article très innovant car peu traité.Photos magnifiques.
Un gros sentiment de frustration car il manque l’élément déterminant pour l’intéressé: METADONNEES
En espérant que cela permettra de les mettre sur les articles 4 et 5.
Amicalement
Salut !
ok c’est noté pour les articles 4 et 5, je tacherai de mettre les EXIFS. A très vite
Régis
Bonjour Regis
pour moi la nature me permet de me resourcer, tu es professionnel donc tes revenues sont en fonction de tes ventes de photos d’animaux sauvages ou domestiques.Pour cela tu fais sur commande ? tu as un stock sur internet? quel serait ta recomendation pour un amateur.
Merci
Richard
Bonjour Richard
je suis professionnel car mon revenu principal provient de mon activité photo. Mais ce ne sont pas les ventes de mes photos qui me rapportent ce revenu. Ce sont les formations vidéos que je vends sur internet.