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L’article précédent vous présentait comment trouver un lieu pour une exposition photo. Ceci étant fait, nous allons parler de la réalisation d’une exposition. Car une fois le lieu trouvé ou une réponse positive à l’un de vos appels à candidature, l’étape suivante est de vous y préparer.
Vous aurez noté que dans mon titre, je parle de la réalisation et non de la fabrication. Je vous explique tout de suite pourquoi.
Fabriquer son exposition est évidemment une étape obligatoire. C’est bien pour ça que tout le monde y pense. C’est assez évident. Si votre expo n’existe pas physiquement, elle ne risque pas d’être accrochée à un mur. Tout photographe va donc se concentrer là-dessus : fabriquer son expo.
Ce que je vous propose est plus large que juste la partie fabrication.
Voici pour moi les 5 points auxquels vous devez penser :
- Gérer votre planning/budget (optionnel).
- Finaliser votre choix série/images (optionnel).
- Fabriquer votre exposition (obligatoire).
- Définir vos prix de vente (optionnel).
- Faire de la communication (optionnel).
Voilà pourquoi la fabrication est toujours réalisée. Car au final, c’est le seul point obligatoire. Et c’est à mon sens la plus grosse erreur. Bien sûr c’est obligatoire, bien sûr nous devons le faire. Vous ne risquez pas de l’oublier. Alors concentrons-nous sur tout ce que vous mettez habituellement de côté et ce que ça peut vous apporter.
Le planning et le budget de votre exposition photo
Toutes les actions que vous allez prendre pour la réalisation de votre exposition vont dépendre de deux facteurs : le temps et l’argent. Si très tôt vous êtes clair avec ces ressources, vous serez à l’aise pour la réalisation de votre exposition. Quand je dis être clair, c’est ne pas partir bille en tête sur une exposition de plusieurs milliers d’euros si vos fins de mois sont compliquées. De la même manière, travailler la journée, élever quatre enfants et espérer avoir le temps de mettre en place une exposition deux semaines plus tard me semble très utopique.
Le schéma qui suit peut bien sûr être modulé en fonction de votre expérience et des ressources dont vous disposez. Voyez-le plutôt comme un fil conducteur.
Mettre en place un planning ou rétro-planning peut énormément vous aider. Dans le cas d’une exposition vous n’avez finalement que deux choix : décliner ou être à l’heure. Décliner si vous avez de bonnes raisons, pourquoi pas. Si vous exposez mais que vous n’êtes pas encore prêt à le faire, cela pourrait bien vous coûter vos expositions futures. Etre prêt pour moi, surtout pour vos premières expositions, c’est quand l’envie d’exposer est plus forte que le stress (ou la pression) que cette décision engendre. La difficulté étant que l’envie est très forte au début, puis c’est la pression qui prend le dessus. En vous aidant d’un planning large, vous oublierez une grande quantité de ce stress au bénéfice de votre envie.
Et pour être à l’heure, rien ne vaut un rétro-planning. Vous connaissez la date de montage, alors repartez en arrière pour positionner les jalons à respecter. Imprimez-le et affichez-le au-dessus de votre bureau !
Comme vous le voyez sur le schéma, il y a quatre colonnes de tâches que vous pouvez réaliser en parallèle. Les avoir sur papier vous aidera donc à savoir où vous en êtes. En ce qui concerne les jalons et les dates, je suis du genre pessimiste. Quand je dis pessimiste, c’est qu’il y a toujours des imprévus. Prévoir assez de temps pour les gérer permet donc d’éviter une pression négative. Surtout s’il s’agit de vos premières expositions.
Une fois que vous aurez construit votre planning et défini votre budget, vous pouvez attaquer le reste.
Finaliser votre série
L’éditing est important mais là vous allez devoir le faire concrètement. On ne parle pas d’écarter des images faibles, mais potentiellement d’écarter des images qui fonctionnent. Tout en conservant la qualité de votre démarche et la cohérence de votre série.
Pourquoi ? Sacrilège ?
Non vous allez le faire pour deux raisons principales :
- Pas assez de place.
- Budget limité.
Pas assez de place
Lorsque vous savez que vous allez exposer, vous devez savoir où et comment. Vous devez connaître le lieu. Soit en suivant une fiche technique du lieu, soit en allant l’étudier sur place. C’est cette connaissance du lieu qui vous permettra de définir et de finaliser votre série. Et c’est cette connaissance du lieu qui peut vous forcer à limiter votre série.
C’est assez simple. Si le lieu vous permet de mettre en place 10 images au format 60*90, alors il va falloir choisir ces 10 images très rapidement. Surtout avant de lancer la fabrication. Pas la peine d’arriver avec 20 images finalisées le jour du montage. Il n’y a pas de miracle. Les murs ne s’agrandissent pas 😉
Budget limité
Si vous avez étudié le budget total de votre exposition, cela vous permettra aussi d’orienter cette sélection finale. Je ne rentrerai pas dans le détail ici mais fabriquer une exposition coûte cher. Voire très cher. Il vaut mieux alors être rationnel. Et surtout le plus rapidement possible.
Intégrez ces deux paramètres lors du choix de vos images, avant de lancer la fabrication. Si vous ne le faites pas, forcément vous allez en produire trop. Et donc vous allez vouloir les exposer. Et là, sans parler de scénographie complexe, vous allez installer vos images les unes à côté des autres. A la manière d’un mur de télévisions tel que vous pouvez le voir dans les grandes surfaces. Dans cette situation, ça peut avoir son intérêt de comparer visuellement deux télés. Je doute que ça soit ce que vous vouliez avec vos images. Elles doivent respirer. Elles ne doivent pas se tuer entre elles.
Fabriquer votre exposition photo
Vous avez choisi vos images, défini votre budget. Maintenant, c’est la fabrication de vos images sur leur support.
Ce tableau n’est sans doute pas complètement exhaustif, mais il permet de lister un grand nombre de supports.
Je vous conseille de faire votre choix en fonction des paramètres suivants :
- Le rendu que vous voulez donner à vos images.
- Votre budget.
- Le lieu.
Pour le rendu il y a des supports qui fonctionnent avec n’importe quelle image et d’autres dont le rendu est assez typé. S’il s’agit de votre première exposition, je vous conseille de vous dirigez vers du classique comme l’encadrement standard. L’avantage étant qu’il fonctionne avec tout. En plus d’être raisonnable en terme de coût.
La question du budget est importante car à taille égale, vous allez multiplier par 2 à 4 le coût de votre support. Ou plus clairement si vous choisissez un support comme la caisse américaine, vous allez diviser par 2 à 4 le nombre d’images que vous allez pouvoir fabriquer.
Le dernier point peut aussi vous orienter lors de cette étape. Dans la phase de fabrication, il est rarement pris en compte. Ici quand je parle de lieu, je ne parle pas de place, mais de qualité. Libre à vous si vous avez un budget infini de fabriquer vos images sur un support luxe comme la caisse américaine. Y compris pour exposer dans un bar ou un restaurant. Mais cela a relativement peu de sens, et ça n’est tout le monde n’a pas un budget infini. Je vous conseille donc de ne pas exploser votre budget en choisissant un support qui n’est pas raccord avec votre lieu d’exposition.
Définir votre prix de vente
C’est sans doute la question la plus récurrente. Et clairement la plus problématique pour un photographe.
Et c’est une question que vous devez vous poser avant que l’exposition ne soit en place. Il n’y a rien de plus ridicule qu’un visiteur intéressé par l’achat d’une de vos images et à qui vous ne savez pas répondre. Même si votre intention n’est pas de vendre, il vaut mieux être préparé à la question.
Or cette question est épineuse. Pourquoi ? Parce que vous devez mettre une valeur sur quelque chose qui n’a pas d’élément de comparaison. C’est assez simple de mettre un prix sur un livre par exemple. Il ne viendrait pas à l’idée de quelqu’un de vendre un livre 3000 euros l’exemplaire, ou 3 centimes. Je parle d’édition classique. En comparant les équivalents sur le marché, vous saurez assez rapidement si vous devez le mettre en vente 7 euros ou 29,90 euros. Et c’est là que ça devient compliqué. Car dans le domaine artistique, cet élément factuel du marché n’existe pas.
Alors comment faire ? Comment fixer un prix sur vos oeuvres ?
Lorsqu’on ne sait pas, l’idéal est de mettre de côté la partie subjective. Ce que j’appelle l’Ego. Tous, vraiment tous, nous sous-évaluons ou nous sur-évaluons les choses. Ce que je vous propose, c’est de mettre cet aspect de côté.
Au final le seul élément qui soit factuel et purement objectif, c’est le prix que vous avez payé pour vos images.
Si vous avez payé 1000 euros pour 10 images, votre prix de revient est donc de 100 euros par image. Ça, c’est factuel.
Une technique simple est d’appliquer un ratio sur le prix de vente.
Sur le tableau suivant, je pars de trois exemples de support et de plusieurs solutions de ratio de multiplication.
Comme vous pouvez le constater le prix de vente peut vite s’envoler si vous appliquez le même ratio sur un support luxe en comparaison avec de l’encadrement classique. Dès que vous dépassez des barrières psychologiques de prix, vous augmenterez la difficulté de vendre vos images. Il faudra que l’environnement d’exposition soit très favorable. L’idéal étant bien évidemment une galerie et son réseau de collectionneurs.
Pour fixer votre prix:
- Calculez le prix de revient.
- Faites un choix raisonnable sur le ratio de multiplication.
- Tenez compte de l’environnement de votre exposition.
Faire votre communication
Cet aspect est plus ou moins bien géré par la plupart des photographes. Or la communication est le point qui permettra de faire la différence entre votre exposition et celle d’un autre.
Communiquer n’est pas négatif. Ça n’est pas imposer votre travail aux autres. C’est juste les informer.
Ne vous inquiétez pas. Si les gens ne veulent pas venir, ils ne viendront pas. Par contre s’ils sont intéressés mais pas informés, c’est dommage. Communiquer c’est donner une information et laisser les gens informés choisir. Ne pas communiquer, c’est faire le choix à leur place.
Comme vous pouvez le voir sur le schéma de départ, la communication est une tâche récurrente qui commence dès que vous avez l’information de votre exposition. N’importe quelle occasion est une bonne occasion. Recevoir ses tirages est une raison de communiquer, recevoir ses cartes de visite aussi.
Actuellement c’est une tâche qui vous prendra certainement un peu de temps, mais qui ne vous coûtera pas cher. Une bonne utilisation des réseaux sociaux et je peux vous assurer que votre exposition sera vue.
Cette communication se fera sur plusieurs points :
- En amont de l’exposition. Cela peut durer plusieurs mois. Un peu à la manière des bandes annonces de film.
- Dans les semaines précédent l’exposition pour ancrer les dates de début et de fin.
- Dans les jours avant le démarrage pour concentrer l’attention sur le jour du vernissage.
- Lors de l’exposition (vernissage, ateliers…).
- Et même après l’exposition pour les remerciements.
Alors n’hésitez pas à communiquer, il y a plein de manières de le faire 🙂
En conclusion
- Gérer votre exposition avec un planning facilitera l’avancement des étapes importantes.
- Définir votre budget vous permettra de cadrer la réalisation de votre exposition (fabrication des supports, frais de communication, frais de déplacements).
- Finaliser vos choix d’images dans la série exposée. Ce qui permet entre autre de préparer votre scénographie et de ne pas dépasser votre budget.
- La partie fabrication est évidemment un point important si ce n’est obligatoire. Soyez cohérent entre votre budget et le rendu que vous voulez donner à votre exposition.
- Une fois que vous avez fait le choix de vos supports, passez un peu de temps sur la définition de vos prix.
- Dernier point et non des moindres, communiquez, communiquez et communiquez encore sur votre exposition.
Le livre Exposez vos photographies
de Nicolas Poizot
livre commandé ! les articles sont hyper intéressants, ça donne envie d’en savoir plus !
toujours des articles intéressants merci Objectif photographe!
C’est bien comme information merci
Question doit on mettre notre filigrane sur la photo ??
Sur une photo exposée????? Non… Il y a des encarts de présentation pour ca. Je ne vois aucun intérêt à mettre une signature sur son image.
Merci tres interressant car c’est vrai que c’est assez un casse tete pour monter une expo, avec tous ces conseils on sait pas quel bout commencer, le plus dur maintenant c’est aussi choisir sont theme pour son expo
J ai déjà exposé Et je présente une dizaine de photos Dans un restaurant Népalais très difficile de toucher un public Votre vision je l ai lue
Merci pour votre retour d’expérience. Et nous sommes bien d’accord 🙂
Merci Beaucoup pour cet article!!Très très utile!!!J’attendais justement un article avec ce thème!!!!
Bonjour Alyne, pour info c’est le 3ième de cette série. Le premier était général, le deuxième présentait la problématique du lieu. Et la série va bien évidemment continuer.
Super, merci très interessant y a plus qu’à mettre en pratique.
Tout à fait 🙂
UNE BONNE APPROCHE CLAIREMENT EXPLIQUE … MERCI….
Merci de votre commentaire 🙂
La série est intéressante surtout pour qui s’occupe d’un groupe de photographes amateurs; Merci pour cette approche.
As-tu déjà traité des supports et autres encadrements ? Je ne m’en souviens pas, aussi un petit rappel au cas où …
Merci d’avance, c’est toujours un plaisir que de te lire. 🙂
Hello Daniel,
Alors non pas dans la série sur O-P. J’en parle dans mon blog avec quelques articles, et sinon en détail dans mon livre bien sûr. Là je parle plus longuement des supports et comme l’encadrement est quand même le meilleur ratio qualité/prix, j’explique la découpe des passe-partout et le recouvrement de la photo.
Merci pour ce partage ô combien instructif.
Amicales pensées.
Avec grand plaisir. C’est le 3ième article de cette série qui n’est pas encore finie 🙂
merci!!!je constate que mes photos,vendues 40 e. encadrées avec marie-louise…c est dans les clous!!
Numérotée ou non?
Merci Greg pour votre retour 🙂
Super article, avec une belle explication c’est clair et limpide! Merci du partage